Travaux Dirigés sur "la pauvreté" - Introduction

  Introduction
Qu'est-ce ?
  Combien ?
  Qui ?
  Lutter contre ?
   
  Retour à l'accueil

 

La pauvreté vue par un pauvre
Avant le RMI
"Vivre sans argent, c'est dur ?", répète-t-il plusieurs fois, hochant la tête, les yeux plongés dans ses souvenirs, avant d'expliquer : "On dormait dans la rue, on faisait la manche, mais ce n'était pas suffisant pour vivre. J'étais quand même propre. On allait aux douches une fois par semaine." Puis, après un nouveau silence, il reprend : "Quand on est dans la rue, on n'est pas bien, on est mal vu par les gens, on n'a plus personne. On est nul, incapable. On est foutu." Lui, pourtant, s'en est sorti. Il le croit, en tout cas. Contrairement à la plupart de ceux qu'il connaissait alors. "Quatre personnes sont mortes, très jeunes, entre 29 et 35 ans," reprend-il. "à cause de l'alcool. Je buvais aussi, pour oublier. Je buvais, mais moins qu'eux. Je n'ai jamais été alcoolique." Et de souligner, bravache : "La preuve, je suis toujours vivant."

Depuis le RMI
André a décidé un jour qu'il ne coucherait plus dehors. C'est ainsi qu'il a fait sa demande de RMI. Depuis, il vit dans une chambre d'hôtel qui lui coûte 274 euros par mois, dans « un coin dangereux » de Paris, comme il définit le quartier Château-Rouge, dans le XVIIIe arrondissement.
Cinq euros en tout et pour tout. C'est avec cette somme qu'André s'efforce de vivre chaque jour.
Le jeudi, c'est le jour où la paroisse reçoit des victuailles, pour les distribuer ensuite, par colis, aux plus démunis qui passent. André vient les aider à décharger le camion ou la voiture. Un rendez-vous qu'il ne manque jamais, sûrement parce qu'il rythme sa semaine. Sinon, le reste du temps, André le passe à regarder la télévision le soir, et à se promener la journée, dans les rues parisiennes, sur des kilomètres et des kilomètres, droit devant lui. « Il ne faut jamais reculer, toujours avancer dans la vie », explique-t-il, dans un demi-sourire, noirci par la nicotine. « Par exemple, je ne pense jamais à aujourd'hui. Toujours à demain. » Une obsession qui le fait marcher, sûrement pour fuir ses pensées, son passé. Sa femme et ses enfants, peut-être, qu'il dit avoir eus.

retour

suite

© Isabelle Gautier, protégé par la licence LLDL-v1, Licence de Libre Diffusion des Documents, http://pauillac.inria.fr/~lang/licence/v1/lldd.html . Vous pouvez librement utiliser, modifier et diffuser ce document mais uniquement à titre gratuit.