5- Etude d'une dissertation rédigée : rechercher le plan détaillé
       Les inégalités sont-elles toujours incompatibles avec la démocratie ?

Travail : notez sur feuille ou dans un traitement de texte le plan très détaillé du devoir suivant (utilisez I, 1°, a etc... mais écrivez une phrase comme titre et sous-titre pour bien voir ce qui est démontré)

De nos jours, la majorité des grands pays sont en démocratie. Celle-ci a pour but de donner les mêmes libertés et pouvoirs à chaque citoyen. Pourtant, en France, pays démocratique, certaines personnes ont plus de pouvoirs et de libertés que d'autres. Par exemple, un grand patron de presse peut développer et faire connaître ses idées pour influencer les citoyens et les hommes politiques, alors qu'un sans domicile fixe ne le peut pas. Ces inégalités se heurtent au principe de démocratie. Pourtant, aujourd'hui, elles peuvent permettre à un pays de progresser dans son évolution. Se peut-il que les inégalités parviennent à se combiner au système démocratique afin de permettre à la France de se développer ?  Certains aspects des inégalités ne sont-ils pas en accord avec certains principes de la démocratie ? ou ces principes sont-ils bafoués par la situation inégalitaire de la société ?

 La démocratie est d'abord une idée. Par la suite, elle dut s'adapter à la société et prendre une forme plus concrète. C'est pour cela que la démocratie a dû s'appliquer aux rapports économiques et sociaux. D'un point de vue économique, la démocratie s'est fixée le but d'assurer la prospérité. C'est en cela qu'elle doit favoriser la croissance. Or notre société inégalitaire a cette capacité.
Les inégalités permettent à certains de s'enrichir plus que d'autres. Ainsi enrichis, ils sont efficaces, investissent, font fructifier leur argent et permettent au pays de croître. Pour le philosophe Rawls, les inégalités qui profitent aux plus défavorisés sont justes (document 6). Ainsi un patron d'entreprise qui fait des bénéfices, s'enrichit et peut étendre encore son entreprise, ce qui peut créer des emplois. Le plus riche permet au plus pauvre de s'enrichir quelque peu. Antoine Riboud, ancien PDG du groupe qui est devenu Danone, était dans ce cas. Il a fait de son entreprise la première européenne dans l'agro-alimentaire et a créé des nombreux emplois. Lors d'une émission télévisée, il osé dire son salaire (320 000 F par mois en 1982), car il paraissait juste à ses salariés : mieux vaut un patron efficace et bien payé, qu'un patron mal payé et mauvais gestionnaire. Le plus pauvre est content de travailler, d'avoir un revenu. L'égalité n'est donc pas une nécessité à la prospérité.
La preuve en est que dans un système égalitaire, une politique de redistribution peut être désavantageuse pour la croissance. En effet, l'argent prélevé proviendrait des entreprises en expansion. Privé de cet argent, les chefs d'entreprise investiront moins et la croissance sera amoindrie. D'autant plus qu'ayant moins d'argent, moins d'employés seront embauchés. La redistribution rend les entreprises moins productives.
 En effet, cette redistribution ne rapporte rien, elle est improductive. Cet argent aurait pu servir autrement. Hayek, économiste américain néoclassique, fait partie de ceux qui pensent qu'il ne faut pas redistribuer l'argent (document 1) et chacun doit assumer les aléas de la vie économique. L'entreprise non rentable fait faillite et les moyens de production peuvent être utilisés dans les secteurs où existe une réelle demande. Le consommateur doit être le seul juge de ce qui doit être produit : il « vote » par ses achats pour le dire. Cela permet au plus fort de faire avancer les autres.
C'est ainsi qu'en 30 ans, l'espérance de vie a beaucoup augmenté (document 4) : de 2,8 ans pour les ouvriers dont l'espérance de vie à 35 ans est passée de 36,2 ans en 1960-1969 à 39 ans en 1980-1989. Un ouvrier vit en moyenne 74 ans (35 + 39) s'il atteint l'âge de 35 ans (ce qui est le cas le plus fréquent). Cela s'explique par une amélioration des moyens techniques pour prolonger et améliorer la vie. L'existence de personnes très riches (aux Etats-Unis notamment) permet le financement de la recherche médicale et l'achat des nouveaux médicaments, qui ensuite profiteront à tous. Tout cela montre bien que la démocratie peut s'épanouir par le biais des inégalités. Cependant ces phénomènes et ne peuvent être pris en compte lors de la définition de la démocratie.

Une démocratie se doit d'être égalitaire. Elle doit faire bénéficier tous les citoyens des mêmes avantages. C'est en ce sens que inégalités sociales et démocratie sont inconciliables. Tout le monde doit avoir les mêmes chances de réussir.
 Or, la mobilité sociale est très faible. En effet, 80 % des agriculteurs sont fils d'agriculteurs, 56 % des ouvriers sont fils d'ouvriers. Cette situation n'est pas due à un choix mais à un conditionnement. Ce conditionnement s'effectue par le biais de la famille, de l'école, de l'entourage en général. Tout cela fait qu'un fils d'ouvrier a beaucoup de chances de devenir ouvrier. Cette immobilité sociale cause un stagnation dans l'emploi. Cette stagnation a elle-même pour conséquence une baisse de la croissance et de la prospérité qui est l'un des objectifs de la démocratie. En effet, si tous restent dans la même catégorie que leur père et que le marché demande plus de cadres et moins d'ouvriers (ce qui est le cas actuellement), il y aura un manque évident économique. L'efficacité du système sera également perturbée : les places de dirigeants n'iront pas forcément aux plus efficaces mais aux  fils de dirigeants. La démocratie en sort affaiblie : la légitimité des élites peut être mise en doute et plus encore, la possibilité pour chacun de se penser égal aux autres (l'imaginaire égalitaire de Tocqueville qui est une condition essentielle de la démocratie).
La démocratie et la croissance exigent des conditions de vie acceptables pour chacun et que les inégalités ne creusent pas d'énormes tranchées entre les citoyens . En effet, les inégalités font que certains se trouvent démunis. Donc la démocratie doit donner de l'argent à ces gens. Cet argent prélevé sur les entreprises florissantes peut freiner l'épargne mais favorise, ainsi que l'a montré Keynes, la consommation, donc la production et l'emploi.
Si cette redistribution n'est pas effectuée, certaines couches sociales en verront les retombées. En effet, le cruel manque d'argent va segmenter la société et créer des troubles et de l'insécurité (document 6).  La démocratie ne peut s'épanouir que si le pays a un bon développement. La misère conduit aux dictatures. Or ce développement transite par le bien-être de la population. Les inégalités font que certains se retrouvent sans rien et donc le développement est amoindri. Aucun pays démocratique ne peut se permettre d'abandonner certains concitoyens, même si la tolérance à l'injustice diffère selon les pays.
Un problème actuel est celui des jeunes (document 2). La redistribution a su sortir de la misère les personnes âgées grâce aux retraites et au minimum vieillesse. Les jeunes paraissent aujourd'hui défavorisés car ils sont plus touchés par le chômage et le travail précaire. Leurs revenus de départ sont inférieurs à ceux de la génération précédente au même âge, alors que le niveau de vie moyen s'est élevé. La raison en est le manque d'emplois des 30 dernières années. Les néoclassiques mettent en cause évidemment le rôle croissant de l'État; plus sûrement la mondialisation qui fait jouer la concurrence entre les travailleurs non qualifiés de tous les pays et le progrès technique qui n'a pas su développer fortement la consommation jusqu'à ces toutes dernières années, sont en cause. La nouvelle gestion des entreprises, poussée par les fonds de pension américains, favorise cet état de fait en privilégiant le profit à court terme plutôt que l'emploi. L'État a peu pris en charge ce problème car il reste l'idée que les personnes en état de travailler doivent se débrouiller seules et que le marché est le meilleur des systèmes.
 Ceci montre bien que  la liberté d'avoir les mêmes chances s'oppose au capitalisme qui embrasse les sociétés inégalitaires.

 Ainsi, il s'agissait de savoir si l'on pouvait avoir une société démocratique inégalitaire. La réponse est dans la définition même de la démocratie et de son interprétation. Ceux qui pensent qu'une société démocratique se doit d'être performante d'un point de vue économique trouveront peut-être dans les inégalités qui existent ce qu'ils cherchent . Pourtant dans une conception idéologique de la démocratie, on ne peut tolérer que certains soient abondamment riches tandis que d'autres ne parviennent que difficilement à survivre. Ainsi chaque société adapte sa définition de la démocratie. Tout de même, si le concept originel de démocratie n'a pas été corrompu et perverti par les lois du marché, il est indéniable que démocratie et égalité sont des notions et concepts indissociables pour le bon fonctionnement de chacun d'eux. A-t-on réellement affaire à des pays démocratiques ?

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