Travail : notez sur feuille ou dans un traitement de texte le plan très détaillé du devoir suivant (utilisez I, 1°, a etc... mais écrivez une phrase comme titre et sous-titre pour bien voir ce qui est démontré) |
Les pays développés n'ont jamais été si riches
et pourtant le chômage reste un phénomène de masse. Cette
contradiction se comprend : avec la hausse des revenus, la demande est de plus
en plus sensible aux effets de mode, et donc est devenue irrégulière.
Avec l'internationalisation, la concurrence aussi bien par la qualité
que par les prix, modifie sans cesse les parts de marché obtenues par
les entreprises, et donc leurs ventes varient. Ne faudrait-il pas donner aux
entreprises la flexibilité qu'elles réclament : le pouvoir de
s'adapter rapidement aux changements de la demande en licenciant et baissant
les salaires si nécessaire ?
La théorie néoclassique justifie cette exigence
par sa théorie du marché du travail, pourtant elle est
contestée.
L'analyse néoclassique repose sur le concept de marché
du travail, qui, en concurrence pure et parfaite, permettrait d'équilibrer
l'offre et la demande de travail, donc de supprimer le chômage. La politique
préconisée est alors d'établir cette concurrence pure et
parfaite en supprimant toutes les entraves à la flexibilité externe
des entreprises et des travailleurs.
Le marché du travail est un marché comme les autres : il s'y rencontre
les offres et les demandes de travail et, grâce à la loi de l'offre
et la demande, un prix (ici le salaire) sera déterminé. Les néoclassiques
raisonnent sur le salaire réel (sans inflation) car ils considèrent
que les agents économiques n'en sont pas dupes.
Aujourd'hui, il faut raisonner sur le coût du travail, salaires plus charges
sociales, car c'est ce que paient réellement les entreprises.
La courbe de demande de travail représente la somme des demandes
individuelles des entreprises ( une demande de travail est une offre d'emploi
), elle décroît lorsque le salaire augmente car le travailleur
fabrique un certain nombre de produits par heure, il ne peut être payé
plus que la valeur de sa production : le travailleur n'est embauché que
s'il rapporte plus que ce qu'il est payé. La baisse des salaires permet
d'embaucher plus car les travailleurs moins efficaces, personnellement ou tout
simplement parce qu'à machines égales un salarié supplémentaire
est moins productif.
A cette embauche lorsque la productivité marginale du travail est égale
au coût salarial, j'ajoute le fait que plus le coût salarial est
élevé, plus le travail sera remplacé par du capital car
les entreprises comparent le coût du travail au coût des machines.
La demande de travail diminue donc quand le coût du travail augmente.
La courbe d'offre de travail ( de demande d'emploi ) est celle des salariés
( les indépendants ne sont pas inclus dans le raisonnement ) est croissante
: le travailleur préfère les loisirs au travail, il compare la
désutilité du travail au salaire : plus celui-ci est élevé,
plus il offre son travail. Par exemple, les jeunes continueraient moins leurs
études si les salaires étaient plus élevés, les
personnes âgées prendraient leur retraite plus tard, les femmes
au foyer chercheraient un emploi. Les néoclassiques utilisent ce raisonnement
pour tous les salariés.
Si le coût salarial est plus élevé que le coût salarial
d'équilibre, il y a chômage : l'offre de travail par les salariés
est supérieure à la demande par l'entreprise (le chômage
est l'écart entre les deux courbes). Le fonctionnement de la la loi de
l'offre et de la demande permet d'éviter le chômage : en cas de
concurrence, l'offre de travail va diminuer : les salariés se concurrencent
pour obtenir un emploi . Ceux qui acceptent une baisse du salaire l'obtiennent,
les autres se retirent du marché du travail : ils refusent de travailler
au salaire d'équilibre.
La demande va augmenter au fur et à mesure que le salaire baisse : les
entreprises vont moins mécaniser et utiliser plus de salariés
redevenus rentables face aux machines. L'entreprise embauche lorsqu'un salarié
lui rapporte un bénéfice, c'est-à-dire quand sa production
(la productivité marginale du travail) est supérieure au coût
salarial. La baisse des salaires permet donc de faire disparaître la chômage.
Mais pour que ceci fonctionne, il faut que certaines conditions soient satisfaites
: c'est ce que réclament les patrons français avec le droit de
licencier, le développement des emplois atypiques, et aussi la réduction
des cotisations sociales et des indemnités chômage.
Les patrons français se sont opposés à la loi de Novembre
2001, votée à la suite des manifestations chez Michelin et Lu
où de nombreux salariés furent licenciés alors que ces
entreprises faisaient des bénéfices. Limiter les licenciements
conduiraient pour eux à réduire les embauches (document
5). En effet, les entreprises hésiteraient face à une augmentation
de la demande, ne sachant si celle-ci allait durer. Les entreprises ne peuvent
conserver des salariés inutiles en surnombre qui augmentent les coûts
et réduisent la compétitivité. Des coûts trop élevés
conduiraient l'entreprise à la faillite.
Les licenciements ont des avantages pour les entreprises, c'est "l'effet
d'offre" (document 4) : si l'entreprise peut
réduire le nombre de ses salariés tout en produisant davantage,
grâce à des machines ou à une meilleure organisation du
travail, la productivité, c'est-à-dire la production par travailleur,
augmentera. Le coût salarial unitaire (le coût
du travail par unité produite) peut alors baisser. Si
l'entreprise baisse ses prix, sa compétitivité va augmenter, elle
pourra vendre plus et pour cela, elle embauchera pour produire plus (hausse
de la production).
Si l'entreprise n'a pas besoin de baisser ses prix, elle fera plus de profits,
pourra investir davantage, et comme précédemment pourra embaucher
pour produire davantage.
Pour obtenir ces avantages, les entreprises font de plus en plus appel
aux emplois temporaires.
Pour les patrons, les contrats à durée
indéterminée qui sont la norme en France sont une entrave à
la flexibilité : ils permettent à un salarié de garder
son poste tant qu'il le désire, sauf faute professionnelle grave de sa
part, ou problèmes économiques importants dans l'entreprise. Les
Contrats à Durée Déterminée (CDD) ou l'intérim
(CDD par l'intermédiaire d'une entreprise spécialisée)
permettent au contraire d'adapter rapidement l'emploi réel à celui
désiré : à la fin d'un CDD, aucune procédure de
licenciement n'est nécessaire, le contrat cesse.
Les CDD coûtent également moins cher car ils ne bénéficient
ni du salaire à l'ancienneté, ni d'indemnité de licenciement,
ni du 13e ou 14e mois. Il est également possible de les exclure des avantages
sociaux organisés dans les grandes sociétés comme les vacances
pour les enfants, les clubs ou la formation.
Ce sont donc des formes d'emplois qui correspondent bien à la nouvelle
logique patronale, ce qui explique leur fort développement : leur part
dans l'emploi à plus que doublé de 1985 à 1997
(document 3). Alors que 4 salariés sur 100 étaient précaires
en 1985, plus de 9 l'étaient en 1997.
La recherche de la diminution des coûts passe également
par la réduction des cotisations sociales.
La flexibilité ne saurait se limiter aujourd'hui aux salaires car les
cotisations sociales représentent, particulièrement en France,
une part importante du coût salarial total. Les patrons en réclament
donc la diminution, ils en obtiendraient le même avantage pour leurs coûts
qu'une diminution des salaires sans que cela touche au pouvoir d'achat des salariés.
Du moins de ceux qui ne touchent pas d'aides sociales.
Mais cette réduction des indemnités chômage est aussi favorable
à la réduction du nombre de chômeurs pour les économistes
néoclassiques : les "faux" chômeurs, ceux qui n'acceptent
pas les conditions du marché et profitent du système d'aides,
n'existeraient plus. La diminution des indemnités pousserait les chômeurs
à rechercher davantage du travail.
En théorie, la flexibilité est le moyen d'arriver à un
équilibre sur le marché du travail, la réalité correspond-elle
à cette analyse ?
Les
Etats-Unis sont souvent pris en exemple pour montrer que la flexibilité
est favorable à l'emploi : ils ont un taux de chômage inférieur
de moitié à celui de la France (sur 100 actifs, 4,8 étaient
au chômage en 1996 - document 2) grâce
à la création de 40 millions d'emplois ( pour 2 millions en France
qui est une économie 5 fois moins importante ) depuis 20 ans. Ils réussissent
à employer une population active en forte croissance : les taux d'activité
(% de personnes ayant une activité rémunérée ou
en cherchant une par rapport au nombre de personnes d'une catégorie donnée)
sont élevés.
La flexibilité est une des raisons de ces bons résultats : les
salaires américains ont baissé depuis 20 ans. De faibles salaires
permettent des coûts de production et donc des prix de vente faibles.
Le secteur tertiaire est particulièrement concerné. La forte mobilité
professionnelle et géographique des américains permettent d'éviter
le chômage frictionnel si fréquent en France.
L 'analyse néoclassique
considère que le travail est une marchandise comme une autre. Les variations
du prix (le salaire) permettent d'équilibrer l'offre et la demande et
d'éviter le chômage. Mais pour cela, la concurrence est nécessaire
: les syndicats ne doivent pas intervenir pour obtenir des hausses de salaires
défavorables à la compétitivité et des lois qui
bloquent les adaptations des entreprises. Bref, les flexibilité salariale
et quantitative externe sont nécessaires. Les Etats-Unis sont pris comme
exemple de réussite de ce modèle. Pourtant, théories et
faits ne sont pas si clairs.
Tant au niveau théorique que
des faits, il n'est pas si évident que la flexibilité libérale
soit une solution économique et sociale au chômage. Ne faudrait-il
pas chercher des solutions plus consensuelles ?
La nouvelle économie néoclassique
ne considère pas que les hauts salaires soient la cause du chômage
: même si les agents économiques sont rationnels, le salaire peut
être supérieur au salaire d'équilibre.
La théorie du salaire d'efficience explique que l'employeur ne peut mesurer
l'efficacité marginale du travailleur, et ne peut donc lui donner un
salaire équivalent. Il peut faire l'hypothèse que plus le salaire
proposé est élevé, plus le travailleur sera efficace :
il voudra rester dans l'entreprise et travaillera en étant satisfait
et efficace. L'analyse reste néoclassique mais le chômage n'est
plus volontaire et il ne sert à rien de baisser les salaires : la productivité
baisserait également.
Plus radicale est la critique keynésienne.
Le salaire est certes un coût de production mais il est aussi un revenu
: en le baissant, la demande de biens de consommation va se réduire,
la production et l'emploi aussi. Les néoclassiques ne raisonnent que
sur l'offre (haut du document 4, alors que la flexibilité a aussi un
effet sur la demande. Si ce dernier effet dépasse le premier, la flexibilité
réduit l'emploi et augmente le chômage (document 4).
La demande de travail des entreprises dépend de la demande de produits
: si les entreprises veulent produire beaucoup, elles doivent, à technique
de production donnée, plus de salariés. L'emploi dépend
donc de la production prévue.
Cette dernière se décompose en consommation et investissement.
La consommation provient du revenu des ménages dont une partie est épargnée,
une consommée. De ce fait, la flexibilité salariale, c'est-à-dire
la diminution des salaires, ou la flexibilité quantitative externe, c'est-à-dire
les licenciements, ont un effet récessif : les revenus des ménages
diminuent, leur consommation aussi. Moins de biens et services aux entreprises
seront demandés aux entreprises, celles-ci réduiront leur production;
le PIB qui mesure cette production intérieure à un pays baissera
donc, et avec lui l'emploi.
Ce phénomène sera aggravé par l'investissement : l'entreprise
investit si le coût du capital (le taux d'intérêt fixé
sur le marché monétaire) est inférieur à la rentabilité
attendue, dépendant des possibilités de production et des perspectives
de vente. De mauvaises perspectives de vente réduiront l'investissement.
En cas d'économies ouvertes, un pays peut s'en sortir en baissant les
salaires s'il peut compter sur la demande extérieure des autres : cela
suppose que les autres pays ne baissent pas leurs salaires, s'ils le font la
récession sera mondiale.
Le chômage ne dépend pas que des emplois. L'offre de travail des
salariés dépend de la population active : de la croissance démographique
20 ans avant, des habitudes de travail des femmes, des jeunes, des personnes
âgées. Pour Keynes, il n'y a pas de marché du travail au
sens néoclassique puisque l'offre ne dépend pas principalement
du salaire. Il est absurde d'espérer que le chômage soit résolu
uniquement par la flexibilité quantitative. La solution du chômage
est la croissance : une hausse de la production plus rapide que celle de la
productivité.
C'est pourquoi, la flexibilité ne peut avoir que des effets limités
sur le chômage : nous pouvons le voir en étudiant les emplois précaires
et ceux partiels.
La montée des emplois précaires,
visible dans le document 3,
commence dès 1985 : la loi française obligeant à une autorisation
administrative avant les licenciements a été supprimée
et celle limitant l'utilisation des contrats à durée déterminée
assouplie. De 1985 à 2001, la part des salariés concernés
par les emplois temporaires fait plus que doublé, la tendance est nettement
à la hausse, montrant le développement de l'influence de la théorie
néoclassique dans un contexte de crise de l'emploi. Pourtant le taux
de croissance ne progresse pas, la croissance française reste "molle"
et cyclique. Le détail des cycles ne montre pas de corrélation
entre les périodes de hausse et de baisse de la croissance et des emplois
précaires (par exemple, la crise de 1991-93 s'accompagne d'une hausse
d el'emploi précaire mais la baisse de la croissance en 2001 non). L'emploi
dépendant en grande partie de la croissance, la flexibilité ne
semble pas favorable aux créations d'emplois.
L'OCDE, depuis 1999, conclut de la même façon : "la réglementation
n'est pas un déterminant central des écarts observés entre
les taux de chômage des différents pays."(document
6). Il est donc erroné de considérer que le chômage
ne provient que de ce facteur : les nombreux emplois américains sont
dus à leur faible productivité, à la croissance, aux habitudes
face aux services qui permettent la création ne nombreux petits boulots
autant qu'à la mobilité et la flexibilité.
Le constat est le même pour le travail partiel
: cette forme de flexibilité qui permet aux petites entreprises de créer
des emplois adaptés à leurs besoins (elles n'ont pas toujours
besoin de 35 heures de secrétariat par exemple), et aux grandes d'employer
une main d'oeuvre moins exigeante sur les salaires devrait permettre la création
d'emplois d'après l'analyse néoclassique. Or le constat est complexe
(document 2) : certes les pays qui
ont les plus grandes parts de salariés à temps partiel (> 21%)
ont des taux de chômage plus faibles, mais l'augmentation de la part du
temps partiel dans l'emploi n'a pas permis de réduire le taux de chômage,
à l'exception du Royaume-Uni. Par exemple, en Allemagne, sur 100 emplois
13,4 étaient à temps partiel en 1990 et ce taux est passé
à 19,6 en 2003. Dans le même temps, le taux de chômage a
progressé de 4,8 à 9,3 % de la population active. La liaison positive
entre la hausse du temps partiel et du chômage s'explique sans doute par
la création et l'acceptation d'emplois de moins bonne qualité
quand le chômage progresse.
S'il n'est pas évident que la flexibilité libérale (baisse
des salaires et flexibilité de l'emploi) limite le nombre de chômeurs,
elle influence la durée du chômage : "une réglementation
stricte diminue certes le flux d'entrée du chômage mais allonge
en revanche la durée moyenne de chômage (notamment en cas de licenciement)."
(document 6) La réglementation
française fait hésiter les entreprises à embaucher quand
les espérances de vente ne sont pas considérées comme durables.
Le chômage y est donc plus long qu'aux Etats-Unis et touche davantage
les jeunes qui cherchent leur premier emploi.
Le choix n'est-il qu'entre une société flexible qui rejette les
salariés dès qu'ils ne rapportent plus assez à l'entreprise
et une société rigide où le chômage dure ? D'autres
modèles sont possibles : dans les pays scandinaves, mais aussi dans certaines
entreprises françaises, la flexibilité interne (document
1) est mise en avant : plutôt que de licencier, ce qui peut créer
l'exclusion et limite la consommation, l'entreprise peut former son personnel
et profiter de son expérience. Mieux vaut partager le travail en période
de récession que de licencier. Les 35 heures, très discutées
en France, ont été un succès dans les entreprises qui ont
su négocier et réorganiser le travail. Cela suppose la volonté
d'un accord entre les différentes parties et non l'idée qu'une
opposition fondamentale oppose patrons et salariés.
La flexibilité
fait partie des sujets discutés par les économistes et les acteurs
économiques.
Si le travail s'échange sur un marché de concurrence pure et parfaite,
alors la flexibilité est une nécessité : la théorie
néoclassique montre clairement que c'est la variation des salaires qui
évite le chômage en permettant d'équilibrer l'offre et la
demande de travail. La liberté de licenciement
et d'embauche font partie des conditions nécessaires à la concurrence
sur un tel marché. Pour ces théoriciens, les États-Unis
sont l'exemple que la flexibilité permet plus d'emplois et moins de chômage.
Pourtant il est discutable que le marché du travail fonctionne réellement
de cette manière. Les nouveaux néoclassiques remettent en cause
l'idée que la productivité du travail est indépendante
du salaire, donc que la courbe de demande de travail puisse être construite.
Keynes discutait l'existence de la courbe d'offre : le salarié n'a guère
le choix, pour vivre il doit travailler quelque soit le salaire qu'il reçoit.
Or, si les courbes d'offre et de demande ne dépendent plus simplement
du salaire, la théorie néoclassique ne fonctionne plus. Le nombre
d'emplois ne dépend pas du salaire mais de la production et celle-ci
des revenus distribués qui servent à acheter. La flexibilité
améliore-t-elle le chômage ? les statistiques ne permettent pas
de l'affirmer. La croissance de ces emplois précaires est une donnée
structurelle qui ne garantit pas une hausse des emploi. Les pays qui possèdent
le plus d'emplois partiels ne sont pas ceux qui ont le moins de chômage.
Finalement, la flexibilité est un choix de société : plus
ou moins libérale, plus ou moins sociale, et aucun pays n'a réussi
à éviter l'exclusion et la pauvreté. En Europe, c'est le
chômage de longue durée qui l'entraîne, aux États-Unis
les emplois précaires et mal payés y contribuent fortement. Le
XXIe siècle trouvera-t-il une solution à ces problèmes
?