2°-
Cette baisse devrait favoriser l'investissement
auquel les entreprises ont préféré
les placements financiers.
Même si elles n'empruntent pas et utilisent leurs
capitaux propres, le taux d'intérêt sert d'indicateur : pourquoi
prendre des risques et investir, s'il est possible de gagner plus en plaçant
son capital ? (document 1)
La période de forts taux d'intérêt des années 80-90
a été celle du développement des placements financiers
: face à l'incertitude du progrès technique, la bourse, la spéculation
sur les monnaies ou sur les matières premières ou même
les placements bancaires sont apparus comme plus rentables et plus liquides
pour faire face aux imprévus, comme Perrier qui a dû retirer du
marché américain ses bouteilles dont certaines contenaient du
benzène en 1994 ou Coca-Cola en France en 1999.
(conclusion de la première partie et transition
vers la deuxième) Le retour a
des taux d'intérêt plus faibles devrait inverser cette tendance
et consolider la reprise de l'investissement en le rendant plus rentable, mais
est-ce suffisant ?
II.
(présentation de la partie)
Les faits et l'analyse économique
montrent que la baisse des taux d'intérêt ne peut toujours
suffire.
1- les faits :
(document 2) On devrait trouver un taux
d'investissement faible quand le taux d'intérêt réel
est élevé : c'est vrai en 1986 et 1994 en France, mais le
faible taux d'investissement en 1996 et 1997 ne peut pas s'expliquer uniquement
par le taux d'intérêt réel. De même, comment expliquer
le fort taux d'investissement en 1970 alors que le taux d'intérêt
réel est malgré tout moyen, ou la baisse du taux d'investissement
en 1978 alors que le taux d'intérêt reste faible ?
2- il y
a des causes conjoncturelles :
a) dans les années 1980, la phénomène
de désintermédiation a eu lieu : le rôle des banques
a diminué en France dans le financement des investissements. Sous l'influence
du modèle anglo-saxon et pour favoriser le financement de ses déficits,
l'Etat français a déréglementé et donné plus
de liberté aux marchés financiers. Par exemples, la séparation
entre banques d'affaires et banques de dépôt a été
supprimée permettant plus de concurrence; le monopole des agents de change
à la bourse a été supprimé et a favorisé
son développement grâce l'achat de titres par les petits porteurs
et par les étrangers; les transferts de capitaux entre pays ont été
libéralisés favorisant l'internationalisation. Tous ces facteurs
ont, dans un sens favorisé les investissements : les entreprises ont
pu plus facilement augmenter leur capital par émission de titres et donc
financer ainsi leurs investissements, les étrangers ont fortement investi
dans notre pays. Pourtant globalement l'investissement est resté atone
(document 5). L'endettement passé des entreprises en est une cause.
b) L'endettement influence l'investissement.
C'est un facteur plus souvent cité par
les entreprises que le taux d'intérêt pour toutes les années
citées dans le document 3
: 1987-1993. Les banques refusent de nouveaux prêts à une entreprise
surendettée car elle ne réussira pas à rembourser. Un taux
d'intérêt inférieur au taux de rentabilité de l'investissement
permet un effet de levier positif : l'entreprise gagne la différence
entre les taux de rentabilité et d'intérêt. Mais si le taux
d'intérêt devient supérieur au taux de rentabilité,
l'entreprise perd de l'argent et entre dans un cercle vicieux qui la pousse
à emprunter sans cesse sans pouvoir rembourser. Face à la hausse
des taux d'intérêt, les entreprises ont donc cherché à
rembourser leurs emprunts précédents plus qu'à en faire
de nouveaux. Ceci explique le taux d'autofinancement supérieur à
100 % à partir des années 1990 (document
2) : 118,7 % en 1997 signifie que l'autofinancement
dépassait de 18,7 % l'investissement, les entreprises obtenaient des
bénéfices (le taux de marge ne cesse de croître sur la période)
mais ne les utilisaient pas pour investir. Ils allaient au remboursement d'emprunts
et aux placements financiers. Pourquoi ? parce que la consommation progressait
insuffisamment.
3- La consommation
est déterminante pour l'investissement.
a) les faits : (documents
2 et 3) : la demande est un facteur plus souvent
cité par les entreprises que le taux d'intérêt ou l'endettement
: 80 % la cite en 1993. Les profits escomptés, qui sont l'élément
le plus souvent cité incluent eux-mêmes les ventes futures donc
la demande. L'investissement augmente avec la consommation.
1970, 1990 - 1997 correspondent bien à cette corrélation
positive. La consommation en forte augmentation en 1990 : +2,4 % , s'accompagne
d'un taux d'investissement élevé : 18,9 % de la valeur ajoutée,
alors que le ralentissement de la consommation qui suit (+ 0,9 % en 1997) conduit
à sa baisse jusqu'à 14,8 % de la valeur ajoutée en 1997.
1978 et 1982 correspondent à peu près.
b) explication : On retrouve l'accélérateur
keynésien, un ralentissement de la hausse de la demande (tous les chiffres
d'accroissement de la consommation restent positifs sur la période étudiée)
suffit à baisser l'investissement.
Certes, toutes les années ne correspondent pas
à cette corrélation : 1974, 1982-86. Malgré la hausse de
la consommation, l'investissement est resté faible.Il y a trois explications
: les entreprises n'investissent pas si leurs capacités de production
ne sont pas totalement utilisées; si la consommation se porte sur des
produits extérieurs importés; si elles pensent que cette hausse
ne va pas durer. La dernière raison a joué dans l'échec
(relatif) de la relance Mauroy en 1981 : les entreprises n'ont pas cru qu'une
politique keynésienne, à contre-courant de ce que faisaient les
autres pays, puisse durer, elles n'ont pas investi, les français ont
acheté des produits étrangers, le déficit extérieur
a obligé à l'arrêt de la politique. L'investissement ne
s'est évidemment pas amélioré dans la période suivante
où la consommation a stagné. (document
6) Les années 80-90 sont celles du chômage
de masse et des politiques de rigueur qui ont limité la croissance des
revenus, donc de la consommation. L'idée de la nécessité
de la consommation pour la reprise de l'investissement est confirmée
par les années récentes où la consommation est d'abord
repartie (1998), puis l'investissement (1999).
En conclusion
(résumer la réponse au sujet en montrant la logique du devoir),
l'existence des politiques monétaires,
qui par un taux d'intérêt bas favorise l'investissement se comprend
fort bien par le comportement de comparaison des coûts et des recettes
des entreprises. Un taux d'intérêt élevé est dès
lors dommageable pour l'économie, particulièrement si l'inflation
est faible, car il conduit à privilégier les placements
financiers au détriment des investissements productifs, seuls susceptibles
d'entraîner la croissance et la compétitivité.
La politique de faibles taux d'intérêt
a cependant des limites car les entreprises doivent éviter l'endettement
et, surtout, qu'il est inutile d'investir si les perspectives d'achat n'existent
pas.
Les années 1980 ont privilégié
la lutte contre l'inflation et le déficit extérieur, ce qui a
entraîné de hauts taux d'intérêt, le développement
de l'esprit de spéculation, la stagnation des salaires et de la consommation,
il n'est donc pas étonnant que l'investissement ait été
réduit. (Ouverture) La
reprise qui a lieu depuis la fin des années 1990, se poursuivra-t-elle
et permettra-t-elle le retour à une croissance plus forte favorable aux
emplois ?